le point imaginaire

appeler ce texte, délit, a-t-on le droit, pour visiter la maison du peintre, à vendre, on monte un scénario et obtient la visite, a-t-on le droit, atteinte à la vie privée, de prendre la photo du fumoir qu’il a créé, seule trace autobiographique du lieu, ambiance cosy, les boiseries à l’irlandaise et les placards cachés, la splendeur des carreaux de ciment, la cheminée et son manteau veiné, le miroir peut-être, l’harmonie camaïeu de cet intérieur, a-t-on le droit, outrecuidance et tout en haut sous la charpente-cathédrale le sol vernissé d’un atelier, a-t-on le droit, sacrilège, pardon aux propriétaires, s’ils tombent sur ce texte, pardon aussi à l’agent immobilier, femme charmante qu’on risque de recroiser dans le village, a-t-on le droit, forfait, on a osé, il fallait le mensonge, il fallait la photo, seule excuse, l’admiration pour le peintre, précurseur du fauvisme, touche-à-tout de l’impressionnisme, héros de Somerset Maughan, proche de Gauguin, familier de Pont-Aven, celui qu’on est allé fleurir cette année, au cimetière, on ne regrette rien, il fallait la publication, chercher et laisser une énième trace de celui qui s’est choisi cet abri avant de mourir,

assumer,

juste ce petit chatouillis désagréable en sortant

maison et oeuvres de Roderic O’Conor

écrit ou proposé par Christine Simon
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 8 novembre 2021 et dernière modification le lundi 8 novembre 2021
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