le point imaginaire

les derniers textes

Cinq dernières rives…

tressage en vue

6 avril 2080
ça se corse

programmatique pour Anchorage

17 février 2079
abandon (définitif ?) de Casse-Auto et développement d’un des chapitres, Anchorage

avance, avance

7 février 2079
vais tout réintégrer

minyana, onirique

16 avril 2070
une femme de philippe minyana

autel du nord

2 avril 2070
ce n’était rien

la rêve

La vie n’est pas une biographie (extrait)
Pascal Quignard
[Galilée]


« à propos de la rêve »
p. 43-44

Longtemps, en vieux français, rêver ne signifia que vagabonder de plaine en plaine, de bosquet en bosquet, de forêt en forêt.

En vieux français, la « rêve » était l’impôt qui était exigé de l’errant, du chevalier errant, du bohémien, du colporteur, du moine, du troubadour ou du trouvère ou du jongleur, pour franchir la frontière d’une province.

C’est la taxe que doit le vagabond.

Dans les forêts des Ardennes, à la frontière de la Belgique, mon grand-père l’évoquait quand il m’emmenait, à la nuit finissante, avant l’aube, durant l’été, au début des années cinquante. Arrivé à la Plate-Roche, au-dessus du village de son enfance, qui fut aussi le village de mon enfance, il m’arrêtait soudain sous le couvert des chênes. Il me regardait avec un air sévère.
  As-tu cent sous ?
  Non.
  Tu es un vagabond.

Aussitôt j’avais envie de pleurer. J’avais quatre ou cinq ans et je ne mangeais pas. Puis il choisissait une branche, ouvrait son canif et me fabriquait un bâton pour la matinée d’errance. On avançait dans la forêt au bout de soi de son bout. Bâton fouisseur, épieu, lituus, stylus. Pendant des heures on fourgonnait sous les feuilles, on rabattait les fougères, on soulevait les mousses en quête de girolles douces, de petites morilles grenues, de cèpes sombres, de trompettes de la mort un peu visqueuses.