(cliquer ici pour agrandir)
la nuit était si longue qu’elle fit un détour par la vingt-cinquième heure
et la creusa dans sa zone même de vide
comme en méditation du fonds d’une caverne
ou d’une crue vert-de-gris qu’on pointe vers le rouge
la nuit était si blanche qu’elle renonça la lune
rompit la trêve de bruine
cassa le joug d’Illiade pour faire son Odyssée
se gonfla de rouler pour finir où, ne sais
la nuit était si chrome dans sa luxure d’enfer
que s’y miraient des reines ou des mendiants, des sires
la grande roue sans rayon,
le guide sans repère,
la nuit venait d’apprendre qu’à nulle rien n’est tenu
que ville ne veut que viens
qu’à tristesse, n’espérait que lumière
mais qu’à joie, on sonnait les klaxons
la nuit n’entamait pas la voie express du songe
ni sème, ni mage, ni verticale du feu,
elle baignait la vitesse et couchait dans la gire
quand le diable la prit
mais la nuit s’échappa en trombes de nuée
et s’envola dormeuse sur sa croupe fidèle