La ville lève les bras à l’étranger, venu la visiter,
de ses fringues mauves au levant, au coucher,
elle se débarrasse dans la nuit.
Et l’homme aux yeux jean l’arpente, remonte le boulevard,
l’héliotrope comme chez lui, à calice indigo il fait son magenta,
ne relevant la tête que pour flashs incendiaires sur la street bien ouverte,
contourne la city, s’avise d’un passage,
au fond spot light violet, s’enfonce dans l’impasse,
pousse la porte d’un Club, néons rouges, vidéos,
va danser sur le riff, corps délié,
sur le beat accélère,
et quand une voix l’appelle, son sang bat dans sa veine,
mille images explosent, le rock en son lilac déchire le violine,
aux lueurs dans l’obscur, repart dans un jardin,
s’allonge sur le sol, et la tête à l’envers,
songe au foisonnement d’un buisson encore vert,
et dans l’herbe en rosée, s’abreuve et se délecte,
la ville est contentement au rêveur qui patiente.
se relève, s’met en quête d’un café où traîner,
trouve une terrasse ouverte, s’y pose, un livre en tête,
puis sort son objectif, choisit un angle doux,
en mordillant sa lèvre, fait son meilleur calage,
d’un clic d’obturateur, l’homme prend la photo
d’une ruelle, peu farouche, qui s’avance vers lui,
elle fait ça au Stranger, la ville,
engageants les trottoirs, accueillantes les façades,
même les toits y brillent au stupre de l’automne,
et ses lourds réverbères qu’on prétend monotones
promettent de grands soirs au touriste qui tâtonne,
l’élan des heures franchies, le pas des heures marchées,
parfois des coins obscurs qu’on passe en frissonnant,
mais toujours la lumière, les drapeaux sur les champs,
la ville et son regard, la ville et son Stranger.