Il avance dans la ville, le dos ployé, le sac est lourd, pourtant la vision qu’on en a à l’arrière n’a rien de lourd, on sent plutôt cette chaleur qu’il dégage, l’énergie, on aurait sans doute du mal à le suivre, à régler son pas sur le sien, il semble courir sur son skate, peut-être ça qui a frappé, pour ça qu’on a décidé de prendre la photo, comme une contradiction, l’âge de l’homme et la vitesse, l’âge de l’homme et l’autonomie, une sorte d’indépendance existentielle, sans tristesse, l’homme et sa planche, l’âge et l’enfance, l’impression d’une quête, qu’il est resté fidèle à, il se dirige du côté de la Sacramento River, le quai près du bateau à aube, on est dans la vieille ville, ce qui reste du Far West, à l’époque du Gold Rush, on l’avait déjà parcourue il y a longtemps cette partie de la ville, on n’en avait vu que l’aspect Disneyland, on prononce dizzniland ici à la californienne, bien sûr, c’est un piège à touristes, mais avec le Canon, avant qu’il rende l’âme, on zoome sur les trottoirs en bois, les clous posés à l’ancienne, et les boutiques à gogos ont comme disparu, on est envolé dans une autre époque avec cet homme-là, qu’est-ce qu’il cherche poussant du pied sur le sol pour accélérer, peut-être fuit-il quelque chose et on n’en saurait rien, pourtant il ne jette aucun regard derrière lui, et si on pouvait voir ses yeux, mais son regard on l’a capté dès la nuque, on verrait de l’obstination, de la passion et de la concentration, un mélange intense, ça le moteur, qui fait que même avec le 4X4, on ne le rattrape pas.






Messages
1. à l’ouest lointain, un homme avance, 23 décembre 2024, 10:29, par Dominique Hasselmann
La planche et le plancher… et puis l’adorable loco "Western Pacific 913"… Un court métrage, en quelque sorte ! :-)
Voir en ligne : Métronomiques