le point imaginaire

c’est une accumulation un gros tas d’arbres secs derrière le bûcher qu’on n’a pas eu le courage de débiter en bûches ou seulement pour une partie d’entre eux alors on les a circonscrits dans un enclos recouverts d’une bâche imperméable on les a désignés vite fait pour un prochain stère et ça attend un peu moins grand chaque hiver

c’est une accumulation d’événements on n’en tient même pas la liste mais si on somme la mémoire elle s’exécute sautant de bribes en sphères sans difficultés ne mentent pas ceux qui comptent on les connaît on les a réduits ceux trop énormes à leurs perles d’un collier secret qui orne nos nuits non pas un crucifix les prières ne sont pas nécessaires

c’est une accumulation d’usure petits bobos une ou deux opérations des examens de prévention et les actes de réparation du corps peu nombreux on a pu éviter les pires on compte tout ça sur quelques doigts de deux mains la chance

c’est une accumulation d’années à petites joies et grands bonheurs misères et promotions ont fait pic et pic et colégram peu de règlements de compte au bour et bour et ratatam l’ardoise est légère et dans les creux les montagnes russes faisaient que jamais on n’arrivait au fond un peu crispé sur la barre toutefois d’une nécessaire navigation s’épargnant les naufrages mais aussi les savantes arrivées aux ports

c’est une accumulation de temps temps forts temps morts gestion des heures et procrastination essoufflés et apaisés on a beaucoup couru on a beaucoup aimé on a beaucoup dormi aussi et pas de bilan en ce jour passif actif déjà posés en double colonne pour continuer quand ça bloquait ouvert ainsi le temps du hasard qui va son dernier bout de chemin où vient l’attente du qu’importe qu’on s’autorise enfin dans le délai pas obsédant d’une lumière à la porte

c’est une accumulation en sculpture d’aucun dirait une concrétion mais rien n’a été écrasé peut-être juste un peu embouti on préfère le mot « enchâssements » pour la grande fresque de la vie file indienne de profils égyptiens en bas-relief d’antiquité ventre et seins d’une Shiva à mille bras pour la ligne heurtée des responsabilités flûtes de Pan et tambourins pour les moments d’exaltation la pièce est chamarrée chatoie des feux contrastés du granit et du quartz de l’ambre et du lapis-lazuli autour de son cœur d’émeraude brillent des petits éclats de rubis

on dépose l’accumulation à l’impossible angle droit on la dresse au carrefour on va pouvoir voyager léger les cheveux à l’air le visage au vent entrer dans l’âge souverain qui rien ne craint que l’orée mystérieuse

écrit ou proposé par Christine Simon
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première mise en ligne le 21 janvier 2025 et dernière modification le vendredi 20 novembre 2015
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