< écriture au fil des jours < fictions rapides

Les derniers textes…

embarquement immédiat

24 juillet
on se déplacerait direction le sud

l’histoire du steak de renne

14 juillet
deux hommes bien emmitouflés

saint-clair, let it be

18 mai
départ pour wellington, new zealand

riante contrée (2)

5 février
près d’eux, dans le halo

riante contrée

3 février
c’était aux jours

riante contrée (2)

C’était aux jours où la cigale frémissante de ses ailes d’azur sombre, cachée dans les grappes sous une feuille de vigne, entonne pour les collines sa chanson d’automne ; après ces mois de si brûlante chaleur où le soleil caresse avec la pluie leur enfant d’hydromel, Clitine, souriante, descend vers le point d’eau et vient boire à la source la rosée nourricière, quand Bob se réveille, ragaillardi soudain de contempler à ses pieds la riante contrée. Dans la langue inconnue qu’ils partagent tous les deux, elle murmure, la vue est belle, et d’une voix que le souffle accélère, il ajoute, oui, en notre paysage.

Près d’eux, dans le halo d’un figuier aux nervures apparentes, des abeilles virevoltent, chamarrées et vibrantes, se préparent au miel, dessinent dans l’espace les cercles des distances, une danse, des fleurs à l’ambre doux, la vie peut être douce à en sucer le suc.

Mais à l’arrière, cachée, se tient comme un mystère, un être hybride aux dix visages au moins, tout grimaçants, Ginger, le corps polymorphe et les genoux gonflés, des ongles immenses au bout de chaque main. Dans l’Antiquité, on l’aurait appelée Ombre de Mort, mais à cette époque les humeurs qu’on lui voit n’ont de la bile que ses monstres ordinaires, mangouste, chenille processionnaire, larve de dragon et rat d’égout, dont Clitine et Bob se rient, allez, Ginger, tu vois bien que nous sommes acculés, que nous resterait-il si nous n’avions pour vivre la vigne et puis la jarre, va donc chez les Gorgones, elles te prendront peut-être dans leurs vases éclectiques. Conseil bien inutile, tant tout était dans tout.

Elle est là debout, un grincement effroyable à la bouche, mais ne peut parler. Respirant les parfums d’asphodèles et de myrrhe, se retrouve étouffée par les effluves même. Clitine et Bob la regardent, un peu apitoyés, ont sans doute conscience que Ginger n’est qu’une face d’eux-mêmes, le donné aux êtres de toute éternité, mais s’ils cherchent dans l’ombre c’est son cri lumineux qu’ils veulent proférer, le monde a de ces chants quand la terre est vivante.

D’après Hésiode, Le Bouclier (texte profondément remanié)

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 5 février 2025 et dernière modification le vendredi 20 novembre 2015
Merci aux 276 visiteurs qui ont consacré au moins une minute à cette page

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)