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Ce serait un voyage que vous aviez commencé sans même vous en douter, vous cherchiez un lieu de stimulation, un de ces lieux où l’on parle avec des inconnus, où montrer sa peau, où sentir une chaleur, une haleine, un timbre de voix, un de ces lieux où un frisson fait renaître le plaisir d’écrire, où découvrir des hommes à boire, à lire, se colleter à leurs étranges phrases d’ailleurs, un pont où fréquenter des albatros mais pas comme vous l’aviez fait à certaines périodes, quand vous prépariez vos noces à la campagne, au bord de votre lit, ou quand vous aviez pressenti qu’une vie serait la vôtre, pas franchement une réussite si on se place du point de vue de l’amour, un amour dans lequel on avait voulu jouer sa partie et l’autre qui aussi, une rencontre, une conversation ininterrompue, et dans son creux, l’art, dans le sillon de l’amour, l’entretien double, que l’art aurait eu ce pouvoir de constamment prolonger non la vie mais l’amour, non la vie, mais le lien, un je-à-toi pas trop inconfortable, bien sûr dans le va-et-vient d’un coït, une base de départ, une base de dépli à chaque étape, une base de plaisir, et de domination, là l’obstacle, comment échapper au vit du pouvoir, au vit qui vous étend à ses pieds, qui vous immobilise dans l’impuissance d’écrire à votre tour, vos cordes frémissantes faisant le lit de votre rébellion impossible, vous aviez à lutter contre l’inféodation à votre corps même, ça votre vice, vous étiez attachée à l’homme qui savait vous donner du plaisir, mais qui vous donnait dans le même élan son incapacité à être avec et votre incapacité à créer sans, dès qu’il se savait dominant il partait conquérir d’autres territoires, et vous restiez sur le flanc, blessée, poignardée au cœur même de votre âme, prise dans les rets d’un filet qui finissait par vous négliger, échouée comme une baleine sur la plage, incapable de retourner dans la grande bleue tracer ces lignes de nage qui tout autant vous donnait l’énergie, existait-il une telle œuvre, une histoire d’art et d’amour, une histoire qui se serait suffi à elle-même, un jeu élégant parce qu’il n’aurait pris personne au piège, qu’on aurait pu le jouer dans les odeurs, dans le stupre et dans l’imaginaire, dans la folie et la joyeuse innocence, sans autre crainte que la peur du noir d’un enfant confiant qu’on viendra lui lire une histoire, et on vient la lui lire, mais qui résiste à l’instinct de domination, qui, seuls les cargos lointains répondent aux questions, s’ouvrent franchement à vous, seuls les morts partagent leurs émois et terreurs et vous laissent votre liberté d’avancer, mais solitaire, ceux-là, vous les avez longtemps fréquentés, et puis après avoir vu la pâte à papier dérouler des textes qui vous parlaient sans s’adresser à vous, mais saviez-vous qu’il pouvait en être autrement, si peu mais un peu, vous n’étiez pas vierge dans la grande ritournelle, pourquoi les gens meurent-ils avant la deadline, vous aviez déjà connu et l’émergence et les joues roses et la blessure et la passe dans la nuit noire, il vous avait fallu du temps pour panser la chose, la plaie-honte, l’outrage ravageur, elle avait fait le lit de votre repli, ce serait ça aussi le voyage, comment on retrouve le rythme et la joie, après qu’on vous a shooté en plein vol, et voilà, vous aviez souhaité sortir du bois, entendre des voix vibrantes, vous alliez risquer à nouveau, et c’est là que vous vous retrouviez dans cet espace où ça riait, buvait, s’exclamait et écrivait, on allait pouvoir jouer au jeu des vivants, mais avant de traverser la frontière, la question, avez-vous quelque chose à déclarer avant d’entrer au pays du Joyland, saviez-vous quels paysages anciens cela vous ferait voir d’arriver à Anchorage et de prendre la route de Seward, le savez-vous qu’avant de franchir le seuil, il faut déposer le plein et puis le trop, et puis ces gouttes de trop-plein qui s’échappent,

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 19 février 2025 et dernière modification le dimanche 24 juillet 2016
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