CONTRAINTE :
A partir d’une liste de mots « ventilateur », « fontaine », « glaçon », « gaspacho », « lac de montagne », « freezer », « cave », « sorbet au citron », « Petite Sibérie », « neige », « -25° », « congère », « Glaciation », écrire des bribes d’autofiction.
Ventilateur
l’histoire de mes ventilateurs, ma cousine d’Amérique venue passée l’été à Paris, fait si chaud, n’ont pas de clim’ les hôtels à Paris ?, quand elle repart, elle m’offre deux ventilateurs solides qu’elle a dégotté au Bazar de l’Hôtel de Ville, high quality. Perdus. Plus tard, m’en procure deux, ça va par deux les ventilateurs, des tourelles qui tournent sur elles-mêmes, mais au bout d’un moment, il faut ajouter une serviette mouillée devant pour que l’air se rafraîchisse. Perdues aussi, peut-être jetées quand elles ont cessé de fonctionner. Puis cette quête de rafraîchisseurs d’air puissants, en tant qu’employeur on ne peut pas faire travailler des salariés au-delà d’une certaine température, consulte le code du travail, hypocrite, ne précise pas à partir de quelle chaleur ambiante, de quelle température sur le thermomètre, on doit faire vaquer les salariés. Alors cherche à la Foire de Paris un brumisateur d’air puissant, quand j’arrive dans ce couloir si frais du salon, comprends que là se trouve ma solution. En achète deux, très chers, regard des pros du bureau, est-ce de la gratitude
Fontaine
je me souviens de la fontaine de la Mosquée, rue Monge. Et du thé à la menthe. Mon lieu de rendez-vous favori quand j’habitais rue Linné. N’y ai jamais rencontré Perec
Glaçon
il avait sorti des glaçons du congélo et les glissait sur mon corps ; quand j’ai été rafraîchie, il m’a à nouveau réchauffée
Gaspacho
mes meilleures recettes m’ont été fournies par des amants, les crevettes au pastis, l’omelette bien baveuse, la confection des rolls californiens, la tarte tatin, le clafoutis avec cerises non dénoyautées, le gaspacho, c’était en 1981, un été très chaud, même dans ces Causses d’Aveyron, il l’avait en tête la recette du gaspacho, et c’est plus long à préparer que ça n’en a l’air, on n’a mangé que ça pendant des jours. Aujourd’hui, chaque fois que j’ajoute les glaçons pour le rafraîchir, je pense à lui
Lac de montagne
mon record de nage dans l’eau glacée, quelque part sur le podium, en fait c’était à Trondheim, et c’était dans la mer, paraît qu’un des bras du Gulf Stream, nommé dérive nord-atlantique, vient réchauffer l’océan glacial le long des côtes de Norvège, n’en suis pas sûre, en tout cas, c’était vraiment, vraiment froid. Il y a bien le lac de Memphrémagog, où l’hiver Wendy se baignait avec ses cousins, enfants cassant la glace, le défi, se plonger une minute tous nus dans l’eau, puis se précipitaient vers le sauna pour l’effet kisscool ; mais ne m’y suis baignée qu’en été et ça allait. Alors, mon lac de montagne, le lac de Genève peut-il être considéré comme un lac de montagne, il y a bien ce lac du Lauzas, mais sont petits les monts par là ; en fait me rends compte que ne me suis jamais baignée dans un lac de montagne
Freezer
arrivée tardive du mot dans mon vocabulaire, pensant que c’était plus chic que les mots français. C’est surtout que ça fait plus froid, plus efficace, un freezer
Cave
j’aime les caves l’été, même si ça sent l’humide, un peu moisi, c’est mieux que l’épaisse chaleur qui nous écroule
Sorbet au citron
cette petite saveur acidulée qui renforce l’effet de pureté, le frais me fait ça, un retrait progressif des degrés, un déshabillage de l’encombrante température, soi en clef de sol, en niveau zéro, mais c’est trompeur, parce qu’une fois avalée la glace, son goût amer se transforme en sucre, on n’y reviendra pas. Mais on y retourne l’été suivant
Petite Sibérie/neige/-25°
cet endroit du Jura, ne sais plus. Le soleil sur le plateau, la neige brille, on se roule dedans, fait moins 25 degrés, on est rouges de plaisir et du froid (zeugme)
Congères
ça se dit au pluriel, sur la route, c’est pire, parce que ça surprend, les congères inattendues, formées dans la nuit, c’est mauvais, n’avais pas vu, c’est comme ça que les accidents arrivent, mais là ce soir, je rêve de congères amies, je passerais entre elles à pied, et les toucherais comme des murs de glace bienfaisants. On dit que ça se sculpte, les congères dans les Alpes suisses
Glaciation
ne sais rien de la Glaciation, enfin juste ce qu’on en sait généralement, une partie importante des continents est englacée, dit Wikipedia, j’aime bien savoir que certaines landes, les paysages de marais et de tourbières et les Grands Lacs d’Amérique du Nord en sont des souvenirs lointains, j’aime ces traces de l’histoire avec la terre, penser que la terre a une histoire, qu’on en est soi-même un épisode, tout relatif dans une terre toute relative, que c’est comme ça qu’elle tourne, c’est-à-dire jamais tout à fait la même, que les climato-sceptiques feraient bien de s’en rendre compte. Alors Glaciation, mais le mot n’est pas beau, préfère penser à la Glasnost, ça c’était plutôt un réchauffement, mais conceptuel le réchauffement, pas comme ces jours

Messages
1. nécessité du froid, 2 juillet 2015, 07:32, par Dominique Hasselmann
il faut trouver des antidotes... J’ai remonté mon ventilo américain de la cave... et je repense à Mouthe (j’ai habité dans l’Est)...
Voir en ligne : Métronomiques
2. nécessité du froid, 2 juillet 2015, 09:42, par christine simon
Oui, c’est bien Mouthe, on avait skié, du fond