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On franchit la grille qu’on referme, on passe devant le studio de radio, pas de bruit, on entre en face, pièce profonde, murs nus, blanchis, c’est un ancien atelier, à gauche un bar, planche épaisse en bois posée sur deux coffres métalliques Kingsize, vaisselle entassée, au fond une malle-cabine entrouverte contenant des chemises blanches, le portant surchargé de vêtements, plusieurs pulls de cachemire, des piles de livres partout, comme des petites colonnes dressées autour d’un autel, une énorme lampe d’architecte accrochée à une planche posée sur deux tréteaux, en t’approchant, tu remarques des objets singuliers, une pince à billets, un agenda épais bourré jusqu’à la gueule de lettres et de notes, un mobile design fait de cinq tiges prolongées de boules chromées montées en balançoire qu’on fait claquer du bout des doigts, un stylo MontBlanc, un briquet MontBlanc, un étui à cigarettes en argent massif, plus loin, une lampe en verre à bain d’huile orange que la chaleur fait circuler, prenant sa vie autonome juste à côté du lit, et à sa tête la petite bibliothèque, comme clonée de la tienne, Kafka, Blanchot, Arendt, chacun regarde l’autre se déshabiller, Derrida, Barthes, Beauvoir, on se rejoint dans le lit, Sartre, Semprun, Lessing, on se caresse jusqu’au plus intime, Jabès, Maupassant, Colette, il te pénètre, tu soulèves tes hanches, Michaud, Artaud, Anaïs Nin, les coups de boutoirs et toi dans le même rythme allant à sa rencontre, Dostoïevski, Faulkner, Sarrazin, et puis Miller, les deux, suspension, et c’est soudain son cri, un râle qui se prolonge, délivrance, et c’est aussi ton tour, ensemble vous criez, un cri que rien n’arrête, le son devient un chant sur une note unique, puis le chant hoquets, jusqu’à l’inextinguible fou-rire de la fin.

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 10 juillet 2025 et dernière modification le mercredi 9 septembre 2015
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