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Chaque jour, la tôle courait dans le bidonville, glissait dans le bric-à-brac d’abris, de toiles, de cahutes pimpantes faites de restes de pare-brises, de cloisons de parpaing, de cartons d’emballage, elle trébuchait souvent, décontenancée par les obstacles rencontrés sur le chemin défoncé qui servait de route, parfois trouvait son reflet piégé dans des morceaux de miroirs piqués jonchant le sol, elle avait été attirée par l’éclat mais se trouvait déformée dans l’image renvoyée, parfois l’impavidité d’une flaque d’eau azur la requinquait, elle se sentait des ailes, de quoi repartir, souvent joyeuse du paysage, parfois abattue lorsqu’un de ses angles se plantait dans un nid de poule, qu’elle avait d’abord pris pour un dallage transitoire du chemin, c’est que rien de ce qui se donnait à voir n’était tout à fait ce qu’il semblait être, une bifurcation proposée cachait une impasse, une ombre noire n’était qu’un contre-jour d’une colline radieuse, certains passants voulaient la récupérer, d’autres se détournaient dédaigneux, la tôle n’en avait cure, elle laissait filer le jour vers sa nuit, et voulait profiter des instants fragiles, accueillir une feuille d’automne qui se posait délicatement sur sa surface ou se gondoler sous l’effet d’une musique, que diffusait sereine une radio posée sur le marbre d’une commode, ce n’est qu’après qu’elle découvrait l’odeur pestilentielle de détritus organiques jetés tout à côté ou ces bouts de ferrailles cachés dans les fourrés, toujours elle repoussait l’envie de s’arrêter, de shooter un grand coup dans les objets hostiles, la course était si courte, pourquoi dépenser son énergie en pure perte, mais un jour, sans doute qu’il y en avait un peu trop, elle se décida à dégager un par un les obstacles qui l’empêchait d’avancer, c’est alors que les ressorts rouillés jaillirent de leurs gonds pour la blesser, un serpent pris d’abord pour une ceinture de peau se retourna pour la piquer, elle glissa sur des herbes baignées d’huile de vidange, et prit sur son métal un carton plein de confettis de papier, balancé par le vent, elle courut alors se mettre à l’abri collée au tronc d’un arbre qui l’attendait, y resta quelques heures pour panser ses blessures, elle n’avait pas compris la revanche des débris, voulait juste sa place pas contre mais avec eux, mais la tôle malhabile, alors philosophant, se dit que c’était ça la favela de vie, l’avenir d’une utopie, les regrets du passé, mais que pour la survie, rien de mieux que la récup, qu’il fallait faire avec pour le temps qu’il restait, avant de se donner aux cabanes colorées.

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 9 octobre 2015 et dernière modification le vendredi 9 octobre 2015
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