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des conversations de framboises et des collines respirantes, nager

L’oeuvre de Jean Messagier, un tableau vu, enfant, à la Maison d’art de la ville de Sochaux. Printemps en Franche-Comté de mémoire, sa période où il peignait de vastes étendues indéterminées, le plus souvent monochromes, dans ce tableau, c’était deux taches bleu et vert, d’un bleu et vert très crus, une œuvre vibrante, où se lit l’attachement que ce peintre portait à la nature, à l’air et à la lumière. C’est lui qui disait « moi, je ne trouve pas, je cherche » en réponse à Picasso, son fameux « je ne cherche pas, je trouve ». Un artiste un peu oublié, qui a travaillé avec Alenchensky, avec qui il avait réalisé une toile à quatre mains, il a été connu pour son Grand Palais « Des conversations de framboises et des collines respirantes ». C’était également un innovateur en matière d’écologie. Sur sa tombe, il a demandé à faire graver « Ci-git Jean Messagier, Docteur ès printemps ».

Ce tableau m’a ouvert les yeux, la forme abstraite de l’œuvre reliée à un titre plutôt réaliste m’avait interloquée, n’ai jamais pu l’oublier, comme un acte fondateur de ma vocation d’artiste. Un peu comme une Amérique, à la manière de Duchamp, quand il dit qu’il craignait l’influence de la racine sur lui, qu’il voulait s’en débarrasser et que, durant sa période américaine, il avait pu vivre cette absence de racines, parce qu’il était né en Europe. Cette phrase « j’étais là dans un bain agréable puisque je pouvais nager tranquillement, tandis qu’on ne peut pas nager tranquillement quand il y a trop de racines ».

Ça explique le travail de créer des itinérances dans la ville, désorientant les spectateurs, un peu comme dans « Confluences » à Ivry, ça commence par une vision de la ville, telle qu’on peut la voir depuis sa voiture, parcourant des ruelles jusqu’à l’île de Chinagora, située sur la confluence de la Seine et de la Marne. Faire voir les impasses, les voies perdues, on descend sur un débarcadère qui se perd dans l’eau, ou bien on découvre une cache à scooters volés, un atelier clandestin, ou on contemple des délaissés, les zones blanches de la ville, que les agents de l’équipement ont laissées en jachère, la discontinuité des choses, on se retrouve aussi sous le conduit d’un égout d’hôtel, débouchant sur la rivière, souligner les formes allusives jamais terminées et l’état de décomposition, le back-office de la ville, ce qui ne se voit pas au premier coup d’œil. Une forme de déconstruction de l’idéal de ville.


en écho à la notion de « radicant » de Nicolas Bourriaud, cette nécessité contemporaine de créer nos propres racines, l’avancée dans le flou, dans le passager, une sorte de pacte avec le précaire, dans l’absence d’un statut permanent, qui éradique la notion d’identité. L’impermanence des choses.


texte inspiré d’une archive de anthropia # blog de février 2013

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 20 décembre 2015 et dernière modification le dimanche 3 décembre 2017
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