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La contrainte : écrire une nouvelle sur une nouvelle à écrire


Il y aurait deux ou trois personnages, non nommés, un homme et deux femmes, par exemple, ou deux hommes et une femme, ça pourrait aussi bien être autre chose, et tout de suite un événement, il était arrivé quelque chose à l’un d’entre eux, ou plus fort encore, un événement qui aurait mis les héros du récit dans un nœud inextricable, sur fond de situation, il faut une situation, un paysage urbain ou un bel après-midi à la campagne, l’intérieur d’un appartement, un lieu, n’importe quel lieu en somme, et un moment de leur vie où tout peut basculer, une sorte d’équilibre parfait qu’on imagine durer toujours ou au contraire les marques d’une décomposition souterraine, et en coup de tonnerre ou en sourdine, équivoque, l’événement, la bascule, l’irruption, l’accident, pas d’induction automatique donc entre la situation et ce qui se passe, peut-être la possibilité offerte mais pas davantage, la question est de poser la nature de l’événement, ça pourrait être psychologique, ou une action humaine, fruit du hasard, et ses rebondissements ou un cataclysme naturel, le problème avec le psychologique, c’est que la narration va consister à entrer dans la tête des gens, alors que les autres happening peuvent se décrire de l’extérieur, le lecteur peut alors faire le reste du chemin, projeter ses propres idées sur l’impact intérieur chez tel ou tel, tirer ses conclusions sur ce qui lie les personnages, l’envie forte d’introduire des dialogues, qui feraient avancer le récit, ah, c’est comme ça ?, Ben, tu sais, Mais non justement, je ne sais pas, Alors je vais te le dire, ce serait de l’humain tricoté avec la réalité, nature, culture, ce qui compterait alors serait l’inattendu, imaginer des hypothèses et choisir celle qui interloquerait le lecteur et emmènerait le récit, des bifurcations comme dans la vraie vie, qui dessineraient peu à peu un cheminement étrange et donneraient à la nouvelle son apogée et sa chute, l’apogée n’étant perceptible qu’à la fin, ah tiens, c’était l’apogée, et la chute d’autant plus brutale qu’il faudrait qu’elle crée une sorte de dénivellement après ce moment, oh ce moment, que tous les personnages, l’homme et les deux femmes, ou les deux hommes et la femme, ou tout autre chose, ont vécu, montrer en quoi ils en ressortent transformés, que le trio ou tout autre chose aurait fait roquer les places, une partie d’échec, non ce serait la partie elle-même, ses règles, qui aurait entraîné ces déplacements, mais ça supposerait qu’il y ait deux narrateurs, deux joueurs d’échec, déplaçant les pièces, chacun à son niveau de connaissance stratégique, ici la métaphore dérange, certes l’échiquier offre un nombre important de translations, bien davantage que celles qu’on maîtrise, sauf que c’est un carré, c’est fermé, les moyens de chacun sont limités, dans la vraie vie aussi d’ailleurs, mais dans la nouvelle, on voudrait que ce soit un système ouvert, la réalité est un système ouvert où se perdent les itinéraires, un personnage peut être au centre, et tout à coup échapper au paysage, les liens ne sont pas toujours tendus, ce serait une particularité, la possibilité d’oubli d’un personnage, ou redécouvrir un événement pour lui donner un autre sens, un chassé-croisé d’interprétations, infinie recomposition, l’apogée pourrait donc être un trou noir, perte ou vide, tout autant qu’une brave et authentique acmé, peut-être à composante sexuelle ou tout autre chose encore, bien explorée, on se donnerait le temps, que la fin de la nouvelle rendrait, après coup et au choix (zeugme), illusoire si on recherche l’absurde, ou éternellement regretté, voire encore incompréhensible ou inéluctable, quelque chose qui permettrait la résolution ou à l’inverse un rien d’ouvert qui amènerait le lecteur à remonter toute l’affaire pour savoir où il avait perdu pied pour en être à ce point d’interrogation à la clôture du texte, la force de cette alternative présentant l’avantage de marquer sa mémoire d’une queue de comète, l’amenant à penser longtemps à cette histoire, ou mieux, à reprendre sa lecture depuis le début.

Quelque chose comme ça, oui, qu’on appellerait nouvelle quand-même, parce tout y serait, mais seulement un peu flou.


photo prise à l’iphone

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 6 mars 2016 et dernière modification le dimanche 6 mars 2016
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