on avait déjà aperçu l’ocre, çà et là, sur les murs de la babylone, on se doutait bien que l’enduit n’était pas là par hasard, on supposait qu’il provenait de sous la terre, d’une mine qui sécrétait son gisement de beige et contaminait peu à peu les façades, mais on n’aurait pas pensé qu’un site secret permettait d’en expérimenter le juste ton à ciel ouvert, d’en perfectionner les techniques de pose à la truelle et que la veine ainsi travaillée constituait la quintessence de jaune qui infusait dans les œuvres des artistes-maçons ; on ne livrera pas comment on avait découvert le lieu au cœur de la ville, seulement détectable d’une terrasse d’observation nichée sur le toit d’un laboratoire qui se dissimulait derrière l’apparente banalité d’une porte à ferrures donnant sur la rue, ici, on avait pu voir comment se testait la résistance du minerai au rayonnement du soleil, ou s’ajustait le contraste avec le bleu dur du fond de toile et même comment s’était élaborée dans le temps, par tâtonnements successifs, essais-erreurs de percées murales, la réflexion sur l’esthétique des façades.