Sens qu’on a de plus en plus besoin de politique, pas de sauce moyenne, de cause moyenne, d’espoir moyen, cette spécialité française d’être toujours dans le tiède, ceci et cela, le « en-même temps », ne supporte plus en fait cette façon de pervertir la pensée, comme par exemple le "on aime être importunée" de ces femmes en vue, comme si c’était ça le sujet, ou "je me sens de gauche mais j’accepte de sortir avec des gens d’extrême-droite, de m’amuser avec eux, me tais quand ils sortent leurs énormités", ne comprennent-ils pas ces gens que laisser ses oreilles écouter ça sans réagir, c’est se faire polluer l’âme, le corps, le désir, qu’on ne peut le subir sans se salir, on est retourné avant d’avoir ouvert la bouche, plus j’entends ces gens dits raisonnables raisonner, plus je trouve qu’ils sonnent creux, j’ai besoin de retrouver une terre ferme de la pensée, non pour me planter dans mes certitudes, mais pour savoir d’où on part dans la rencontre avec les autres, d’où on respire, d’où on va composer le prochain récit de changement.
Passe quelques jours avec des amis américains, on sera dix-huit ce soir, dans un chalet en Suisse face aux Diablerets, on parle de Bernie Sanders, et comment le passage d’Obama, plein d’espoir mais limité dans ses effets, a rendu nécessaire de gauchiser plus franchement le vote démocrate, voilà, c’est dit, ils le disent, et je pense la même chose des gouvernements socialistes si décevants, nous avons aussi besoin de retrouver l’enthousiasme d’une vraie gauche qui aurait intégré l’écologie, une gauche redistributive, égalitaire, ouverte, qui ne coupe pas les APL, ne vote pas contre l’allongement du congé en cas de deuil d’un enfant, ne cherche pas à nous fourguer sans vergogne une loi qui ment de bout en bout, un gouvernement qui réconcilierait les Français au lieu de les mettre sur les barricades, hystérisés par tant de perversion.
Il faut vraiment que ce pays change.