blanche de Castille, de ces silhouettes dans les cours
qui me laissaient espérer qu’on peut être Reine parfois
et puis femme et quelqu’une
blanche, elle bien sûr, puisqu’il faut la nommer
celle qui me semblait chaude, enfant,
comme ces mains qu’elle gerçait
comme ses murailles brillant sous l’éclat de la lune
que des monstres d’acier repoussaient de côté,
nous accordant la grâce d’une marche vers l’école
ou lors de nos retours de la chorale la nuit,
qui contenaient, vibrantes, nos musiques du corps
blanche, mon âme, chaque fois que j’entendais les flétrissures
me prenant par surprise et qui gardaient mes yeux ouverts
à ressasser leurs traces
à l’heure de la traversée nocturne
blanche, la collection, quand j’appris qu’on la nommait ainsi
et qu’elle vint figurer un lacis camaïeu
tant il n’est jamais de blanc aussi blanc qu’un autre blanc
blanche, l’écriture, celle de Beckett même ce dimanche au Bois
quand nous étions venus nous asseoir à côté d’eux,
celle de Blanchot à l’approche du pistolet pointé
ou celle de Duras de La maladie de la mort
qui secrétait déjà comme tant d’autres après
blanche, ma voix, quand la froidure la glace,
quand elle se brise de toutes ses accointances avec le doute,
quand l’écriture échappe, qu’on la tente et qu’on l’échoue toujours
blanche
reprise d’un texte publié sur anthropia # blog en 2012