Café, café, café,
le temps qui passe, là, à cette table,
qu’a fait le temps qui passe sur toi ?
Que lui as-tu laissé de ta peau ?
Qu’ont fait tous ces cafés pris au zinc,
ces jours d’attente,
ces minutes de conversation,
où se frottaient de peau à peau nos envies d’heures passées ensemble.
Café, café, café,
Ce qu’on porte d’années
Et combien de ces tasses, de l’amer, du sucré,
Un condensé du sens dans la petite liqueur,
Et la douleur aussi, qu’on doit bien traverser.
Dans le grand compte de poésie,
combien de lignes, combien de phrases,
à dire le temps qui passe sur ta peau,
qui compte les lignes de ta main,
les rides de ton front,
toutes ces vies successives.
Café, café, café,
et quand la tête se relève,
le plissement de tes yeux,
la chaleur dans mes veines,
un brouhaha, des rires,
qui respirent au détour d’échevelés silences.
Qu’a fait, qu’a fait, qu’a fait
Qu’a fait le temps qui passe sur nos peaux,
de tous ces grains de poésie,
qui glissent dans la paume de ta main,
transmutation de l’eau en or,
un fleuve obscur, une énergie.
Écrit pour La Voisine
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Version sonore, accompagnée au météorythme par Manu