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Découvrir la Villa Arson est une entreprise qui requiert tous les sens, visuel, les perspectives dominant Nice et la mer, qui attrapent le regard quand on s’y attend le moins, olfactif, le nez plongé dans les plantes du monde entier, encore en mémoire le parfum de menthe poivrée de ce Pélargonium tomenteux aux feuilles duvetées, c’est tout le corps qui est sollicité (ces montées et descentes par les escaliers reliant les différents niveaux des terrasses), dans cette architecture brutaliste, œuvre de l’architecte Michel Marot des années 1970, qui recompose l’environnement de la villa à l’italienne des Arson.



Pierre-Joseph Arson, un banquier un peu mage, qui inspira à Balzac le personnage principal de son roman La recherche de l’absolu, achète cette villa couleur rouge de Gênes et son parc de 2ha au XVIIIème siècle, implantée sur la colline Barthélemy dans les hauteurs de Nice.



L’Etat rachète la villa, à l’époque de Malraux, et en fait ce vaisseau amiral de l’art contemporain, dans un écrin architectural métissé de minéral et de végétal, des murs de bétons dont on voit encore la trace du décoffrage, cette trace du bois sur le béton, recouverts de galets du Var. On dit ici que le budget manquant, ce sont les Niçois eux-mêmes qui sont montés finir le travail. Le résultat est un petit paradis, une école supérieure d’art, un centre d’art, une résidence d’artistes, une bibliothèque et médiathèque spécialisée, et un jardin avec ses patios plantés de plantes rares, son Bosco aux arbres provenant de différents continents, où on peut manger en extérieur (et même en février) les plats du cuistot de la cantine.




Cet espace est né sous le signe du Phoenix, emblème de la famille Arson, oiseau blanc surmontant la villa, on le comprend devant cet ensemble qui fusionne passé et présent dans un continuum qui tient du labyrinthe, et qui semble si vivant, de la présence des artistes, élèves, professeurs, des œuvres aussi laissées là par les invités, l’anamorphose de Felice Varini, ou ce « 90° à l’ombre » de François Morellet dans un des jardins entourés de hauts murs. Y passe aussi la silhouette de Jean-Luc Verna, une figure ici, un étudiant se souvient de ses petits mots de soutien, un jour d’attente lors du concours d’entrée.


François Morellet 90° à l’ombre


Et dans la conversation s’invitent les oiseaux, sujet d’un mémoire de master, des oiseaux artistes qui peaufinent des nids qui ne seront jamais occupés, une sorte de compétition au moment de la parade nuptiale, la femelle faisant jury, s’offrant au constructeur du plus beau nid, ou cet oiseau bleu, déjà décrit sur ce site, le Jardinier satiné d’Australie, qui recherche détritus, bouchons de bouteille, ou tout objet bleu qui peut servir son projet de nid allant jusqu’à le peindre en se servant de son bec.

Ai fait une balade de plusieurs heures dans ce lieu, c’est comme ça qu’on découvre l’autre face de la villa Arson, dans ses souterrains éclairés de lumière du jour, que dispensent des ouvertures zénithales ou latérales, se trouvent les ateliers, céramique, bois, numérique, etc., ai visité les installations, notamment les machines-outils de l’atelier métal, tours d’établis, perceuses, fraiseuses, cisailles à tôle, grignoteuses, coupe-tiges, le travail de la forge ou de la fonderie, mais aussi le travail du métal à froid, l’usinage du métal, trépanage et carottage, taraudage, tournage, fraisage, ébavurage, traçage, serrage, martelage.


oeuvre de Omar Rodriguez


Un artiste, Omar Rodriguez, m’a présenté ses outils imaginaires, fondus, tordus, frappés, polis, aux étranges excroissances, détournant l’usage originel de ces pinces, clés à pipe ou clés plates à molette, tournevis, gouges, pour un fonctionnement à inventer.





On devrait toujours s’irriguer aux oasis des artistes, de quoi faire avancer ses propres créations. En repartant, j’ai en mémoire des poutres blanches finissant en arrondi le plafond d’une salle d’exposition, crime malin d’un étudiant revisitant par un ornement les angles rectilignes omniprésents de ce royaume du béton.

Un haut lieu, celui où tout peut se détourner.


photos prises à l’iPhone

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 7 février 2016 et dernière modification le dimanche 3 décembre 2017
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