< participations < invitations sur le web < la voisine : un laboratoire

Les derniers textes…

une restitution en vue

6 mai 2017
hier, fait écrire les femmes

les hirondelles sur le fil

3 mai 2017
on les compte

dis, tu vas où ?

2 mai 2017
quand on se carapate

tout pourrait commencer comme ça

30 avril 2017
ma famille ?

entretien avec la voisine

29 avril 2017
publié initialement sur le site de la voisine

camp de base

J’ai repris un précédent texte pour l’étoffer. Il sera dit par Sarah Helly avec La Voisine, le personnage qu’elle anime, à La Nef, à Pantin, début janvier.


Camp de base

Pense aux tonnes de tentes, fringues, couvertures, que les policiers charrient en ce moment, pelleteuses, bennes-poubelles, l’énorme dépotoir de nos intolérances,

la mise en scène de la volonté politique, évacuer, faire disparaître pour ne pas voir, et que ça passe à la télé, un bon migrant est un migrant dilué dans la masse, caché dans le centre de transit ou envoyé sur les routes, pour que jamais ne stocke nulle part,

fluidification du circuit, le migrant bouge, son nom le dit, il est migrant, comme on est sédentaire, constitutivement, intrinsèquement, pierre qui roule n’amasse pas mousse, le migrant est un Rolling stone qui ne tire pas la langue, mais qui toujours la tire, sa langue,

pense au temps qu’il faut à chaque migrant pour se refaire, après ça

j’ai vu Mina, ma copine rom, reconstruire sa base au moins deux fois par an pendant cinq ans, parfois trois, ça passe chaque fois par la case « dormir dans le parc sur un carton avec son fils et son mari »,

ça se remarque le migrant évacué, ça se voit, chez Mina, les premiers temps après l’évacuation elle arrive avec deux grands sacs Tati remplis jusqu’à la gueule, et trois couches de vêtements sur elle, comme devenue penderie, la déménagée ambulante, le migrant évacué est un escargot qui porte les couvertures roses, les pulls bleus, les pantalons noirs sans fermeture-éclair de nos rebus,

pense à l’instant où elle redevient légère, Mina, ne se déplace plus qu’avec les objets ou les denrées qu’on lui fournit à la sortie du Franprix, l’instant magique où on sent qu’elle a de nouveau son assise, qu’elle a recréé sa base, qu’elle peut réinscrire son garçon à l’école, qu’elle peut enfin faire sa popote sur le réchaud à gaz,

le luxe, le confort, la réinstallation

c’est ça la vie de migrant en stand-by, la sempiternelle remise sur pied d’un abri, quelque chose d’une vie de Sisyphe, remonter le rocher de survie après chaque évacuation

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 23 décembre 2016 et dernière modification le jeudi 19 janvier 2017
Merci aux 326 visiteurs qui ont consacré au moins une minute à cette page

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)