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Mutilées ou abattues
ou décimées par les barbares,
les forêts disparaissent peu à peu
comme feuilles de la pensée.

Et voilà que quelque chose nous expulse du peu
qui reste
comme d’indésirables créatures
qui seraient devenues incapables
d’y dresser leur tente.

Nous avons perdu la demeure la plus propice
de toutes les maisons de la pensée,
la demeure qui entre autres choses
nous conservait
deux fondements assurés :
la non pensée qui pense,
la pensée qui ne pense pas.

Nous avons perdu les marées du silence,
le tamis de silence des feuilles,
la forme matérielle du silence,
la teinte de la pensée du silence,
et même la pensée silence.

Il ne nous reste plus qu’à dresser notre propre forêt,
avec à la place des troncs,
des branches et des feuilles,
ce feuillage entre-tissé
de paroles et de silence,
cette forêt pleine aussi de musiques secrètes,
cette forêt que nous sommes
et où, parfois, chante un oiseau.

Il ne nous reste plus qu’à dresser notre propre forêt
pour accomplir l’indispensable rite
qui complète la vie :
se retirer dans la forêt
et retrouver la solitude.

Et reprendre ainsi le long voyage.

roberto juarroz in quinzième poésie verticale


domaine de kerguehennec
crédit photo christine simon
voir autres textes dans parfum de livres

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 2 mars 2014 et dernière modification le lundi 3 mars 2014
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