le point imaginaire

fenouil

#2

Tant de noms dans la liste, alors tu cherches. On t’a envoyé à cet immeuble, c’est Schanzstrasse, 17, en Allemagne, là où tu habitais, c’est là que se trouve le médecin qui va remplacer ton habituel qui n’officie pas le samedi, tu connais le nom, en fait c’est le même que le tien, tu rêves que tu cherches ton nom sur les étiquettes, il y a beaucoup d’étiquettes, sur peut-être quatre ou cinq colonnes, que c’est le nom d’un médecin qui va soigner ta grippe, qui va te trouver le remède, juste des antibiotiques, parce qu’une grippe qui dure presque trois semaines c’est deux de trop, dans ces cas-là, on a besoin d’antibiotiques, tu n’y pensais plus à cette grippe en fin de ce qui s’annonçait seconde semaine, mais sous cette pluie qui a fait tomber toute l’eau du ciel, elle a fait réapparition en début de troisième semaine, tu files chez le médecin, tu cherches ton nom, mais donc qui est le sien, mais le médecin n’habite pas à l’adresse, il n’a pas mis ton nom sur la porte, enfin le sien, ou alors c’est pas à cette adresse-là. Et tu pleures.

Et quand tu te réveilles, tu ne te rappelles que l’odeur de fenouil, qu’en sortant, marchant un peu plus loin, tu as retrouvé l’étiquette par terre, tu as retrouvé ton nom, enfin le sien, sur une étiquette par terre, et que ça sentait le fenouil, et comme toujours le fenouil, quand ça sent, ça sent trop. Comme dans l’enfance, toujours le fenouil dans l’enfance, et que ça sentait trop, d’être là sans avoir trouvé le médecin ni le nom.

crédit photo christine simon
the third mind
palais de tokyo
jean-frederic Schnyder

écrit ou proposé par Christine Simon
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 10 novembre 2014 et dernière modification le jeudi 30 novembre 2017
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