les poacées avaient envahi le pré, on avait laissé passer l’heure, le regrettant d’abord, puis décrétant qu’on voulait voir ce qui poussait quand on lâchait prise sur le vivant, on n’a conservé qu’une touffe de fleurs blanches, le reste a péri sous l’action de l’homme orange, il a laissé le figuier, le lilas, le pommier, les iris, et les rosiers, il manquerait l’olivier pour compléter l’eden, peut-être deux ou trois cyprès, et puis quelque chose de l’enfance, un buisson de noisetiers, et l’érable pour la trace rouge d’automne, à la Sainte-Catherine tout bois prend racine, a dit un voisin, on attendra.
À l’entrée du jardin, on a déposé un poteau de ciment dont on voit par la partie cassée le fer à béton, très lourd porté à deux, des miettes de sacs plastique transparent, une longue sardine en métal rouillé, une chaîne ancienne, un mètre ou deux de câbles gainés de plastique blanc, qui servaient de corde à linge, un reliquat de plessis à rondins de bois verticaux teints au brou de noix et reliés par un fil de fer de type barbelé, quelques grosses pierres de grison, la pierre d’ici, et deux bâtons trouvés au pied des ronces, qui poussent sur le talus, et qu’on a sauvegardées parce qu’elles donneront bientôt des mûres bien noires,