en rentrant du bar-tabac du village, qui vend aussi des journaux, dont un qu’on vient d’oublier sur le comptoir, on s’assied devant l’ordinateur, découvrons l’écran et la page d’accueil, le fond d’écran montre un lieu voisin du village, la partie Le Châtellier de Passavant, une photo très jaune de l’été dernier, les ocres des vieilles pierres de tufeau rencontrent le jauni du gazon coupé ras, au premier plan, en chemisette à carreaux bleus, ton fils règle son appareil photo, un bridge de chez Sony, c’est la première fois qu’une photo de famille occupe le fond d’écran, jusqu’alors c’était plutôt des photos de nature, tu ouvres le Firefox qui affiche le tableau des vignettes, les vignettes sont des représentations des sites les plus fréquentés, ce qui n’est pas tout à fait juste parce que les vignettes n’affichent de fait que les sites qui se sont dotés de lignes de programme qui leur permettent de s’inclure dans ta page d’accueil de Firefox, enfin, c’est ce qu’on suppose, puisqu’elle affiche plutôt des plateformes ou des sites grand public, plus rarement des sites d’écrivain, à gauche One account all of Google, la vignette rose de Ce qui se passe de Twitter, qui a, un temps, affiché pour titre, Ce qu’il se passe, ont changé pour une formulation plus personnelle, plus triviale aussi, à droite la page-type de Facebook et celle de Mastodon, récente, qui invite à se rendre sur la liste mamot.fr, où tu t’es inscrite dès sa création, pour la stimulation intellectuelle s’affiche le site Mots fléchés de Télé 7 jours, de meilleure ergonomie que celui de Notre temps, même si même fonction, sur la deuxième ligne, la page d’accueil du blog anthropia # blog de la plateforme Eklablog, pour te souvenir que les conditions générales du maintien de ce vieux blog exigent que tu publies au moins un billet par mois, sur la troisième ligne, le site de Google affiche une photo de Nina Simone, empruntée à Youtube, sur son titre, Ain’t Got No, I Got Life, que tu aimes pour son côté litanie du désespoir qui espère, un blues, quand tu ouvres la page, la ligne mélodique humble du piano s’élève, à peine effleurée des balais d’une batterie et des accords simples d’une bass, sur la fenêtre à droite de Youtube, où figurent des suggestions de lectures, davantage de titres Youtube de Nina Simone, To Love Somebody, Greatest Hits Full Album, un titre de Riverside, I Turned You Down, avec en couverture la mention Second Life Syndrome, sur une composition couleur rouille, une main s’échappe d’un cadre pour se poser sur l’épaule d’un homme, une chevelure en fils de sang semble tirer sa tête vers la gauche, une ombre sur le visage côté gauche fait se demander si l’homme est biface, un autre homme, chemise ouverte sur un torse imberbe, tête de profil entourée d’un cadre grège, une vidéo de François Bon, L’Instant Lovecraft, 48 I Deux Chambres à Providence, une de Thelonius Monk, ses concerts Live de 66, Norway et Denmark concerts, une de Thibault Marconnet, Rimbaud en Mille Morceaux, Premier volet : Le Génie, à cet instant, on hésite à aller plus loin, cliquer entraîne dans le temps, alors on fait un choix