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Grand Palais, 2009


Fayçal Baghriche
Globe terrestre, 2009
moteur


Rien n’est au rendez-vous chez Fayçal Baghriche,
vous croyez voir un globe terrestre et ses pays,
mais détrompez-vous, le globe tourne si vite,
que vous n’en saisissez le contour des continents
qu’au flash, conseil de l’artiste.

Vous pensez que le mur du fond est une constellation d’étoiles,
non ce n’est que l’agrandissement d’une page de dictionnaire,
cette page qu’on a lue enfant, la planisphère,
dont les drapeaux font le tour,
et l’artiste n’en a conservée que les étoiles et les lignes bleues,
pour une voute céleste d’un genre un peu spécial.


Virginie Yassef
Il y a 140 millions d’années, un animal glisse sur une plage fangeuse du Massif Central


Ses œuvres monumentales flirtent avec la verrière et cette lumière zénithale irradie les sculptures qui osent.

Celle de Virginie Yassef se confronte à l’infiniment grand et l’infiniment ancien ; imaginez le terrible monolithe du film de Kubrik, 2001 : Odyssée de l’espace, il est devenu vert, d’un vert dont on ne sait s’il est le vert des cartoons ou le vert écologique, probablement quelque chose entre les deux, en tout cas, l’oeuvre ne s’inscrit pas dans l’univers technologique.

Et sur ce monolithe, trois traces de pattes.

Il y a 140 millions d’années, un reptile volant, le Ptérosaure, aura glissé le long d’une falaise du Massif Central. De cette chute préhistorique et spectaculaire, ne restent que trois énormes griffures imprimées à jamais dans la pierre.

Répliquant à l’échelle ces griffes, Virginie Yassef fait un clin d’œil au comique de situation, un Ptérosaure qui se casse la figure, un monstre préhistorique qui tombe d’une falaise.

L’artiste a l’humour préhistorique, sans doute retrouve-t-on en elle la fascination des enfants pour l’énorme, le gigantisme, tout ce qui sort de l’ordinaire.


Julien Prévieux
Espaces autres
L’innovation en technosciences


Magnétisme d’un espace qui attire par cette université des savoirs démonétisés, de ces savoirs qu’on jette au bout de 10 ans, Windows 2.0 pour les nuls, La révolution technologique, Prévisions pour l’an 2000, de ces savoirs que Julien Prévieux a collectionnés. A refait notre bibliothèque improbable, l’innovation en techno-sciences, celle qu’on met à jour chaque année. Les seuls livres que personnellement jette sans scrupule.

Et de ces livres, il a tiré la substantifique moelle et prétend réaliser une sorte de sauvetage intellectuel, un mapping cognitif, sur des cartes murales, le réseau des concepts de la techno-science désuète.

Quand la prévision devient un vieux souvenir, il y a comme un goût de complot éventé,
plantage sur toute la ligne, ou à 50%, une chance sur deux de se tromper, disent les prévisionnistes.

Envie de sourire, même si on sait qu’on y a cru un peu à ces progrès à la Joël de Rosnay. Enthousiasmes des découvreurs, laissés là épuisés, leçon du subtile Julien Prévieux, qui une fois de plus nous fait voir nos croyances inconscientes, un peu comme il l’a fait dans ses fameuses Lettres de non-motivation.


Kader Attia
Untitle
Plastic bags, 2009


Qui n’a connu les vents chauds du sud et les ombres de sacs plastique voletant partout. Qui n’a entendu les enfants du souk crier, mika, mika, pour proposer un sachet au chaland, ne peut comprendre l’étrange inquiétude qui saisit le visiteur, devant l’installation de Kader Attia, quand il constate que ces sacs-là sont plombés au sol, sont légers et lourds à la fois.

Ils évoquent le gonflement des voiles et l’étrange absence d’air. L’œuvre de l’artiste a cette force du contraste, de la métaphore inversée, elle nous entraine dans une réflexion sur la nature de nos perceptions, ce qu’elles projettent par accoutumance,
jusqu’à ce que le réel cogne, parce que ces sacs-là sont des défis à l’intelligence ordinaire.


Bruno Peinado
Sans titre, Silence is sexy, n°3/3
2004-2009
Structure gonflable à effet miroir,
pompe à air, diamètre 600 cm, hauteur variable


Bruno Peinado qui cherchait à capter l’insecte dans les reflets de l’argenterie,
lors d’une précédente œuvre présentée à la Fiac, tente à présent de nous attraper dans les rêts de son ballon miroir. Nous, les hommes et les femmes, formes déformées dans l’oblongue Chose, pas absorbés, juste réfléchis.


Anita Molinero
Sculpture d’abandon
22 poubelles en plastique fondu et coloré


Le lustre du pauvre, cette sculpture si bien nommée « d’abandon », une parmi d’autres qu’Anita Molinero a créées, un choix d’objet humble, une reconfiguration paradoxale :
la poubelle devient inutilisable, elle qui se cachait s’expose, son design fonctionnel est détruit pour une forme qui appartient au royaume des sorcières.

Nous sommes au choix dans l’ère post-industrielle, au réveil sévère d’un hiver nucléaire ou dans un Moyen-âge à la Disney.

Anita Molinero détruit la forme ready-made de l’objet industriel pour lui enlever sa puissance (désormais inutilisable).

Quelles réponses trouvons-nous sous ce cristal de pacotille ? Que la lumière nait des objets tristes de la banalité du quotidien, que l’avenir tient dans nos poubelles,
contenu comme contenant recyclables, que les formes de notre quotidien peuvent être abolies, et peut-être même notre quotidien, et peut-être bien nous-mêmes.


Olivier Bardin
Exhibition


Les yeux des Treize convergent, suis au centre des obliques, spectatrice prise dans la nasse du regard, suis l’objet d’Exhibition, pas eux, et ne m’en rends pas compte. Etrange mise en abime, quant à mon tour, je prends dans l’obturateur et fais miroir. Je te regarde Olivier Bardin.


Philippe Mayaux
Les agitateurs


Le panneau qui monte et descend, scandant dans un bruit mécanique un mot silencieux, une image de mot, un cri en majuscules. Nous sommes en littératoire, en territoire de littérature. Jusqu’au vertige.

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 26 janvier 2014 et dernière modification le dimanche 3 décembre 2017
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