
parfois, ça prend au coeur, ça hésite, remonte au plus haut du crâne, puis s’établit dans les joues, près de l’instant du nez inspirant,
parfois, ça part du ventre, ça fait un tour, ça ne remonte pas vraiment, ça creuse et déserte à la fois, ça suspend à l’intérieur, et on pousse un soupir,
parfois, c’est dans les dents, on ne crispe pas, on repose les mâchoires l’une sur l’autre, on appuie doucement les lèvres l’une contre l’autre, les oreilles écoutent le silence concentrées sur une ligne horizontale, on fait la moue tranquille, on ne bouge pas,
parfois, ça naît et s’épanouit dans les poumons, porte à double vantail, battement, battement, en reculant les épaules, on pense que le trop-plein sort, cherchant l’air au plus bas, la poitrine se soulève et l’expulse dans un souffle,
parfois, on ne sent rien, c’est au fond, tellement au fond qu’on se tâterait pour savoir où ça s’agite, mais ça ne s’agite pas, c’est tranquille, ça attend,
parfois, la nuque se morcelle, la tête semble flancher, comme une colonne de feu qui descend dans le dos, brûle, omoplates en zone rouge, scories d’une nuit ravagée,
parfois, la bouche fermée, cet établissement en soi, puis les lèvres s’écartent, et ça s’étire loin dans les joues, et comment ça descend plus bas, ça irrigue,
(to be continued)
christophe herrero
end of roll
(vidéo - 2008)
image captée
crédit photo christine simon