J’ai ramassé un marron sur le sol.
Il n’était pas sous un marronnier,
alors j’ai pensé qu’un enfant l’avait perdu, là.
J’ai caressé la surface lisse dans ma paume,
et suis partie sous l’arbre centenaire,
pour ramasser de pleines brassées
du fruit d’automne dont j’ai chargé
ma jupe, relevée, faisant panier,
ai remonté l’allée des roses, le potager et la courette
pour retrouver dans l’atelier la table, la colle, et les outils,
et j’ai cousu les bogues griffues
pour en faire comme un pied d’estale,
et des marrons,
j’ai assemblé et puis collé les surfaces planes,
sont devenus de vraies statues, ces sphères stériles du grill au feu,
parfois un fruit incomestible,
fait naître le poème fertile
et le marron de ce matin,
délivré au hasard d’une chute,
et délivré est beaucoup dire,
juste perdu par l’écolier,
m’a fait cadeau
d’une simple joie,
un souvenir de mon enfance.
archive publiée sur anthropia # blog en octobre 2013 revu le 31 juillet 2019
photo christine simon
horloge d’un café
à Saint-Sever-du-Moustier (Aveyron)