Suite à deux attentats, les puissances du pays promulguèrent par décret la loi du renseignement. Vidéos dans la rue, boîtes noires et surveillance, personne n’échappait à la traque implacable. Une exception de masse. Des algorithmes fous filtraient des mots le tour et les interprétaient selon des règles absconses (des messages anodins révélés sibyllins), signalant aux services les supposés suspects. Arrivèrent par centaines des mails de délation. Furent bientôt des millions à être soupçonnés, et pour les isoler, on créa des fourrières qui parcouraient les rues. Ils étaient accusés d’avoir des intentions et on les arrêtait. On leur trouva un nom, c’étaient des Supposés. Personne ne réclamait de peur d’être enfermé. Une commission occulte œuvrait dans le secret et avait transmission et des lieux et des hommes. Et le peuple inconscient et ses représentants incapables d’arrêter la machine infernale. La peur était entrée dans les touches du clavier, les phrases étaient des pièges qu’il fallait contourner. Chacun voyait chacun avec circonspection. On créa le fichier ADN national. Le peuple baissa la tête et ses représentants la détournaient, gênés. La peine capitale devint automatique, les mots se firent juges, les juges disparurent.
Et le pays sombra dans la grande dépression.
Messages
1. l’année où le pays bascula, 30 avril 2015, 20:20, par aunryz
Une peinture terrible
Dans un tel système
se renverse le
bonheur du quart d’heure de célébrité
il devient
bonheur du quart d’heure d’anonymat complet
2. l’année où le pays bascula, 30 avril 2015, 21:27, par Christine Simon
un anonymat chargé de suppositions, le plus terrible peut-être
3. l’année où le pays bascula, 1er mai 2015, 08:13, par Dominique Hasselmann
J’imaginais, aujourd’hui, quelque chose de semblable, dans mon échange avec Catherine Désormière pour "Les Vases communicants"...
"Les Supposés" est une belle dénomination, hélas.
Prière d’effacer ce commentaire et ses origines après lecture.
4. l’année où le pays bascula, 1er mai 2015, 12:09, par Christine Simon
mais jamais ne s’empêche, hélas
jusqu’à quand