T’attends, dans le salon d’attente, tu dis salon, parce que pour la première fois y a un chariot avec boissons et gâteaux, tu ne comprends pas tout de suite le protocole pour le thé, alors tu te sers, le type à côté te dit, servez-vous, alors tu y vas, le thé est dans une cafetière, c’est un petit détail qu’on pourrait omettre, sauf que c’est pas top la cafetière pour le thé, enfin, tu te sers, et en buvant ton thé, tu avises le type, surtout ses chaussures de sport, elles sont vraiment classe, bleu marine avec une sorte de lamelle blanche en forme de patin à glace, le bas du patin en métal, et sur le dessus de la chaussure devant, comme une tache blanche, en fait c’est un fauve, et ça te saute aux yeux, ce sont des Puma, fines, qu’il pose talons au sol, sur une longue semelle de caoutchouc, genre pneu qui remonte derrière, la quintessence noire, magnifiques, comme une chaussette qui enveloppe le pied, mais protectrice, tu ne peux pas t’empêcher de le dire au mec, elles sont belles vos chaussures de sport, et là, il se met à rire, elles sont rares de cette couleur, de cette forme, anciennes, tu dis, ah, vintage, lui sourit, oui, on n’en trouve plus des comme ça en France, tu le regrettes déjà, il dit j’en ai trois paires pareilles, une bleu marine, une noire et une grise, il dit, les grises sont classes aussi avec un jean, et il commente, mais on peut quand-même en trouver sur un site indien, j’en commande, tu dis, mais c’est pas des contrefaçons sur le site indien, non, non, c’est la marque originale, et il raconte, des pantoufles, souples, légères, et que ça rebondit avec la semelle, il dit, sur le sol ça fait comme un pneu, ça amortit, c’est du Goodyear, de quoi rouler un bon moment, finit par glisser fa cilement, ce qu’il y a de bien, c’est qu’on ne se fatigue pas à les porter, moi qui ai du mal à marcher, tu remarques sa boule à zéro, son air pâle presque albinos, c’est là que t’as compris où t’étais, il a murmuré, ça ne progresse pas vraiment, t’avais bien fait de lui parler de ses Puma, puis une femme arrive, raconte très fort qu’elle avait un coup de fil à donner ou un rendez-vous avec sa fille pour lui donner des clefs, pas bien compris, et elle se tourne vers toi et dit, je vois que vous vous êtes servie, et tu comprends qu’y a comme un blème, mais t’en savais rien, puis c’est ton tour, c’est Mme Kreps qui t’attend pour te signaler que ce sera pas grand-chose, une sorte de lettre à la poste, enfin quatre, quand tu ressors, tu retombes sur la femme qui te dit, alors je vais vous raconter ma vie, elle parle, bénévole, LCLC, et qu’ils servent le café et le thé, et tout à coup, elle te fixe, c’est pas un self-service. Alors tu le répètes ici, LCLC vous fait savoir que ça n’est pas un self-service, qu’on dépend d’eux pour se servir un thé. À tout prendre, tu préféres les chaussures du mec, parce qu’au moins avec elles tu prends ton pied et tu sais comment marcher.
Messages
1. c’est pas un self-service, mais tu te sers, 5 juin 2015, 10:49, par Dominique Hasselmann
Vu l’autre jour l’Américain Stan Smith, sur Canal +, qui a inventé les "tennis" du même nom. Elles sont redevenues "tendance", paraît-il.
Bernard Tapie, avec ses souvenirs à rebondissements, doit faire la tronche.
Voir en ligne : Métronomiques
2. c’est pas un self-service, mais tu te sers, 5 juin 2015, 11:38, par Christine Simon
ou pas, s’il comprend l’intérêt du vintage