La puce qu’on a implantée en moi me dicte mes pensées, impulse ma nécessité d’agir, on engramme ma journée, on stocke mes reçues. Quand mon être, mes actes, mes pensées coévolueront davantage avec la puce, qui saura qui je suis, quoi je pense, pourquoi je fais telle ou telle chose. Je serai à jamais corrompue, la technique m’aura bâtardisée, développant des réseaux de neurones dont on ne saura plus si une quelconque once de nature a un jour conduit ces synapses vers une action similaire. Mais qui cherchera à le savoir, puisque l’artefact aura sa raison propre, son but, sa nécessité. Peut-être sauvegardera-t-on un cerveau humain ou deux dans des bocaux-musées, l’avant/après dans la comparaison ne visant qu’à s’ébaudir, s’ébahir, des progrès accomplis. Et plus tard, dans un avenir qu’on ne saurait dater, on voudra renaturaliser, constatant les résultats, on me retirera la puce, me laissant gisante sur le continent vide, ne sachant plus conduire moi-même les mouvements de ma vie.